Le Judo (terme japonais signifiant « Voie de la Souplesse »), fut créé par Senseï Jigaro KANO en 1882, alors qu’il n’était âgé que de 22 ans. 

En pratiquant le Ju-Jutsu, il se rend compte que les techniques sont brutales et parfois dangereuses tant pour celui qui l’exécute que pour celui qui la subit. 

Il décide alors de codifier un nouvel art martial défensif exempt de toute violence pour en faire un système éducatif à orientation sportive. 

La vie de Maitre Jigoro KANO selon Maitre Willem Lesseigne

Jigaro KANO est né le 28 octobre 1860, à Mikage (Japon) d’une famille noble. 
Elève brillant, il étudie les classiques de la philosophie chinoise, la calligraphie, les combats de lutteurs sumo et l’anglais. Cependant, il est d’une attitude snob, ce qui lui vaut les brimades de nombreux de ses copains jaloux. 
Il décide alors d’apprendre à se défendre et se trouve vers le Ju-Jutsu et pratique plusieurs sports pour fortifier son corps.

En 1874, il reprend avec ténacité ses études et rentre à l’académie Kaiser, patronnée par le gouvernements, qui deviendra l’Université de Tokyo. Il deviendra membre de la plus haute institution nationale de l’éducation. 

Devant faire face à de nouvelles attaques de voyous, il reprend des cours de Ju-Jutsu. Son premier maitre, Fukuda, lui enseigna plus de 120 techniques les atemis ‘coups de poings aux endroits vitaux). Se trouvant souvent seul, il s’entraine sur une barre de fer qui rend son corps douloureux. Il se fabriqua alors lui-même une pommade dont il s’enduisait et qui lui vaut le surnom de « Kano le senteur ».

Il appréciait vraiment ce sport et demandait constamment des détails sur chaque point, chaque mouvement de l’équilibre ou déplacement du corps. A chaque question, son professeur lui répondait invariablement « Viens voir » et le projetait. Il en recevait ainsi l’expérience directe. 

Il voyagera d’école en école afin d’y puiser toutes les connaissances sur les kata, le sumo et les randori. Lors d’une démonstration en l’honneur du présent des Etats-Unis Grant, ce dernier apprécia grandement le spectacle. Kano y puisa là une nouvelle force pour la poursuite de sa philosophie et continuera d’apprendre les projections de ses maitres. Il dira d’ailleurs plus tard qu’il a appris ce qui sera l’œuvre de sa vie de Maitre Fukuda, la nature subtile du kata de Maitre Masamoto et la technique et la fluidité de Maitre Likudo. 

Petit à petit, les japonais se mirent à oublier leurs propres coutumes ancestrales suite à l’influence occidentale. Fonelosa se chargea de mettre tout le monde en garde et réussit à convaincre Jigoro Kano que les arts ancestraux du Japon étaient une tradition qu’il fallait maintenant. 

En 1882, Kano termine ses études et ouvre le KODOKAN, « l’institut de l’étude de la voie ». Aimant cet art, trésor de la culture japonaise, il l’adapte à l’époque moderne en créant la forme du Judo KODOKAN, discipline du corps et de l’esprit, sur base du Ju-Jutsu. 

Il est engagé à l’école des pairs où il prend comme élève un dénommé Chirai. Ce dernier, très gentil à jeun, se révèle très violent quand il a bu. Lors de ces crises, Kano l’immobilisait doucement et gentiment. C’est à ce moment qu’il comprend toute la valeur éducative du Judo : « Mon partenaire tire, je pousse; s’il pousse, je tire ».

Kano était sévère avec ses élèves mais également avec lui-même. Ils devaient se lever très tôt pour effectuer leur travail quotidien : entretien du DOJO, préparation des repas, lessive des judogi, étude de la philosophie, des sciences politiques, des sciences économiques, de la psychologie et entrainement au Judo, le mot d’ordre étant : « Faites le vous-même ».

Dans les années suivantes, les membres du KODOKAN se distinguèrent dans les tournois de la police nationale. Un certain nombres d’écoles de Ju-Jutsu de style ancien se liguèrent contre le Judo KODOKAN mais ne firent pas le poids devant la pensée de Jigoro Kano : « Le saule plie mais ne rompt pas ».

A la demande du bureau de la maison impériale, il doit partir effectuer une inspection du système éducatif européen. Il laisse la garde du dojo à deux anciens élèves : Saïgo et Tomita.

Durant ses voyages, il lui arrivera quelques anecdotes qui le confortent dans sa philosophie. Ainsi, par exemple, au Caire, il put gravir et descendre une pyramide sans s’arrêter et sans assistance, grâce à ses entraînements. Ou encore, à Saïgon, où il dût faire face à des chiens errants qui l’encerclaient et où, décidant de garder son calme, il vit que les chiens s’étaient également apaisés suite à son changement d’attitude, le laissant passer sans dommage.

A son retour au Japon, il apprend que ses élèves s’étaient battus face à une école de sumotori, Saïgo s’en étant même pris à la police en les insultant. Kano n’eût d’autres choix que de le bannir pour infraction aux règles du Kodokan. A la mort de Saïgo, en signe de pardon, Kano lui décerna le 6ème DAN à titre posthume.

A 31 ans, Kano se marie et devient le père d’une grande famille qui comptera 8 enfants.

En 1895, il publie la première version du Gokyo No Waza, comprenant les cinq parties de l’instruction :

  1. Observation de soi-même et de la situation
  2. Observation attentive des autres et de l’environnement
  3. Prendre l’initiative dans tout ce que l’on entreprend
  4. Tout examiner et agir résolument, savoir quand s’arrêter
  5. Garder le juste milieu entre l’exaltation et de dépression, l’épuisement et la paresse, la témérité et la lâcheté. 

A 40 ans, il cesse de s’entraîner aussi assidûment et parcourt la Chine pour faire connaître sa méthode du Judo Kodokan, Il charge également ses deux meilleurs élèves de promouvoir son enseignement en Amérique.

En 1908, l’Assemblée japonaise vote pour la pratique du Kendo et du Judo dans le cursus des écoles secondaires. En 1909, il devient le principal délégué du Japon au Comité Olympique International, reconnaissance suprême.

Il effectuera de nombreux voyages (13 aux quatre coins du monde). Il constatera à l’étranger l’existence de tournois toutes disciplines confondues, chacun avec son propre règlement. Il déplora ce genre de combats sans formes qui, selon lui, feront mourir l’esprit du Judo Kodokan. Ils doivent être réglementés I

En tant que membre du Comité Olympique International, il demanda avec insistance que les Jeux se déroulent è Tokyo. Toutefois, pris de scrupules, il renonça à imposer le Judo dans ce type de tournoi opposant plusieurs pays. Le Judo ne deviendra une discipline officielle des Jeux Olympiques qu’en 1964.

A 60 ans, Kano continue de voyager et enseigne à un train d’enfer en Europe et aux Etats-Unis. Il encourageait aussi les femmes à pratiquer le Judo pour développer leur souplesse et leur équilibre. La plus douée fut sans conteste Keiko Fukoda, née en 1914, qui n’était autre que la petite-fille de son premier maître.

Quand on lui demandait s’il était fatigué, Kano se détournait toujours avec mépris. Il aimait la vie, la bonne chair, la boisson du pays mais avait en horreur l’odeur de la fumée du tabac. Il jouait de la flûte japonaise et aimait discuter.

En 1938, lors d’une réunion pour les Jeux Olympiques au Caire, Kano tomba malade et décéda, à l’âge de 68 ans, d’une pneumonie sur le bateau Hikawa-Maru.

Il laissa derrière lui toute une vie de recherches pratiques sur les arts martiaux et leurs bienfaits sur l’esprit et le corps, qui seront transmises aux générations futures…

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